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Publié : 16 juin 2009

De retour de Madagascar par Marc REYNAUD

Enthousiasmant et interpellant. A eux seuls, ces deux mots suffisent à résumer le magnifique séjour de deux mois et demie à Madagascar, avec mon épouse Michèle, du 8 Décembre au 19 Février 2009. Deux semaines dans la capitale nous ont permis de prendre les premiers contacts et de commencer à apprivoiser cette ville si animée et si changeante d’une colline à l’autre, tout en regrettant une pollution tenace. Premiers contacts prometteurs puisqu’ils ont permis de faire connaissance de Madeleine Ramaholimihaso, Présidente de l’APEM association oeuvrant depuis 20 ans pour la création d’entreprises et de Charlot Razakaharivelo, expert dans le microcrédit, tous les deux sénateurs JCE. Ensuite le Grand Sud, en taxi-brousse pour mieux connaître et comprendre les modes de vies de la Grande Ile. Avouons que le premier contact à la gare routière fût un peu rude, vingt gaillards à la fois voulant nous convaincre d’accepter leurs services. Ensuite nous avons trouvé la bonne méthode et ce moyen de transport bien que très spartiate a toujours été efficace. Tout en découvrant l’immense patience et gentillesse des malgaches quelques soient les circonstances, y compris avec un taxi-brousse en panne à cause d’un moteur noyé dans la traversée d’une rivière en crue. Après un trajet de trois jours, voilà Toliara, à mille kilomètres plein sud, sur le canal du Mozambique. La savane sèche a succédé aux hauts plateaux verdoyants couverts de rizières. Mais au nord et au sud de la ville, à une heure de bateau, de belles plages nous attendent pour une semaine de farniente au milieu des pêcheurs vezo avec leurs pirogues à balancier. Lente remontée vers le Nord pour prendre le temps de découvrir Fianarantsoa, la capitale des Betsileos, Manakar et Mananjary sur la côte Sud-Est, Antsirabé dans ses montagnes, à 1500 mètres d’altitude, et retour à Antanarivo. Nouveau départ pour la côte Nord-Est, avec un long arrêt à Mahambato au bord d’un des lacs du canal des Pangalanes. Endroit idyllique, recommandé pour tous ceux qui recherchent la sérénité. Nous poursuivons vers Toamasina, le grand port de l’île, vers Foulpointe et ensuite Mahambo où nous apprécions une deuxième destination idyllique sur un côte préservée. Retour à Antananarivo pour quinze jours très agréables grâce à Hugette Andriatsivoh, Présidente des sénateurs JCE de Madagascar. Plusieurs d’entre vous, en particulier mon frère Bernard, m’avait vanté sa gentillesse et son dynamisme. Ce fût effectivement un très grand plaisir de faire sa connaissance et celle de sa sœur Suze au cours d’un déjeuner fort agréable chez elles, suivi d’une longue promenade de découverte de la capitale. Elle a aussi permis une rencontre passionnante avec Yannick Moatti et son épouse Nicole, très accueillants autour d’un déjeuner chez eux. Rhum arrangé aidant les échanges furent animés . Ne pouvant pas nous rendre au lac Itachy, l’Auvergne malgache à l’ouest d’Antananarivo, à cause des évènements, Huguette a profité de ses libertés dominicales pour nous en faire découvrir les premières montagnes au cours d’une randonnée pédestre dans un paysage de toute beauté avec une lumière exceptionnelle. Nous nous sommes quittés à l’aéroport en nous promettant de donner une suite à ces moments inoubliables.

Ce rapide survol du voyage permet de mieux comprendre pourquoi il fût, tout à la fois, enthousiasmant et interpellant. Enthousiasmant par la qualité des contacts humains que ce soient les sénateurs, la population au quotidien, les religieux et religieuses visités à Toliara, les malgaches responsables des hôtels, les diverses rencontres, les chefs d’entreprises, les conducteurs de taxis-brousses, le recteur de l’université catholique d’Antsirabé. Tous nous ont partagé leur richesse, leur différence. Enthousiasmant par la qualité et la diversité des paysages, de la mer à la montagne, des rizières au verger de manguiers, des ciels bleus limpides aux couleurs inquiétantes d’une queue de cyclone, dans un pays grand comme la France et le (feu) Bénélux. C’est le pays des grands espaces, des espèces végétales endémiques, des ressources minières exceptionnelles. Enthousiasmant car tout paraît possible. Et pourtant ! Interpellant par ce combat politique entre le Président de la République et le Maire d’Antananarivo qui a abouti à la création d’une Haute Autorité de la Transition après des moments très douloureux pour la population de la capitale. Crise non terminée à ce jour et qui plonge la Grande Ile dans une récession économique. Crise qui se renouvelle tous les dix ans faisant perdre en quelques mois tous les gains de croissance accumulés. Les malgaches eux-mêmes souhaitent un approfondissement de la démocratie. Interpellant par le mode de développement économique qui fait la part belle aux exportations de produits spéculatifs et aux investissements étrangers, sans accorder l’importance qu’elle mériterait à l’agriculture au service de l’élévation du niveau de vie des 75% de population agricole. Interpellant par les comportements d’une population qui accorde tellement de respect aux ancêtres que penser l’avenir est « fady » c’est-à-dire interdit. Toute politique favorisant l’investissement et donc le développement a des difficultés à prospérer. Interpellant par l’insuffisance chronique d’entretien et de rénovation des biens publics. La relation au futur est sans doute une première explication. Mais ne conviendrait-il pas aussi de s’approprier davantage la notion de « bien commun » ? Interpellant par nos propres comportements d’occidentaux du Nord qui, par nos exigences de consommateurs et d’investisseurs, par nos modes d’interventions financières auprès des acteurs politiques et économiques malgaches aggravent, au minimum compliquent, les fondamentaux macro-économiques de leur développement durable. Interpellant par les effets secondaires que peuvent générer nos dons. Les dons restent nécessaires mais les modes opératoires doivent encore davantage s’adapter à la réalité des enjeux et non pas à l’idée généreuse que l’on s’en fait. Un exemple : donner des vêtements qui se retrouvent sur tous les marchés locaux revient à casser toute la production locale de tissus et de façonnage à destination des populations et donc la création et la répartition de la richesse « endogène ».

Vous aurez compris que Madagascar ne laisse pas indifférent. Ce pays est un révélateur pour chacun d’entre nous à condition d’aller au-delà de la simple posture touristique.

Beaucoup reste à partager au sein de l’AFS ou du CSF que mon épouse et moi-même ne remercierons jamais assez pour l’ouverture et les opportunités très enrichissantes auxquelles vous avez contribués au cours de ce voyage. Que ce témoignage soit une forme de partage de cet enrichissement avec une attention toute particulière pour Huguette. A bientôt pour la suite.

Michèle et Marc REYNAUD

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